Article : SALVAGE CAT et autres chats

Qui a dit que « le chat domestique avait le cerveau d’un chaton dans le corps d’un chat adulte » ?

Il est vrai que Felis catus est volontiers joueur, et présente des caractères d’immaturité par rapport à son congénère sauvage. L’authentique chat sauvage ne miaule pas à tout venant, ne batifole pas, préfère se cacher dans les forêts d’où il observe ses proies et ses ennemis.

A découvert il avance prudemment, est constamment aux aguets. Pour lui la vie est chose sérieuse. Il doit anticiper pour se défendre de ses prédateurs, chasser et tuer pour manger ; la femelle, elle, a à charge ses petits, qu’elle doit nourrir, protéger, et à qui elle doit apprendre le dur métier de chat.

Du fait de ce stress la vie du chat sauvage est deux fois plus courte que celle du chat domestique.

Contrairement à certains préjugés le chat sauvage d’Europe, Felis silvestris silvestris, n’est pas l’ancêtre de notre chat domestique : des études génétiques montrent que le géniteur sauvage est un félidé peuplant encore l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et une partie de l’Afrique subsaharienne. Il a pour nom Felis silvestris lybica. On l’appelle aussi chat ganté.

Ce chat aurait conquis le monde en deux vagues : celle du variant anatolien aurait migré vers l’Europe il y a environ 6500 ans, accompagnant une population d’agriculteurs en déplacement ; puis la souche égyptienne aurait migré vers notre continent aux alentours de 3000 avant notre ère.

L’intérêt de la domestication, ou plutôt de l’apprivoisement du chat, se justifie, à l’âge de la sédentarisation, par l’impératif de la protection des greniers et des grains, parce que le chat n’a pas son pareil pour attraper les rongeurs… Et personne n’a besoin de lui apprendre comment faire. Et il neutralise aussi scorpions et serpents vénimeux.

Ainsi naît un partenariat de services entre l’humain et le félin, où celui-ci excelle, comme dans la fable, à « tirer les marrons du feu », bien souvent à son avantage très particulier, faisant dire à l’anthropologue Marcel Mauss, dans la revue Terre Sauvage, d’août 2022 : « si l’homme a domestiqué le chien, le chat, lui, a domestiqué l’homme ».

(à suivre)

Article écrit par Jean-Paul